La dépression du sujet âgé

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La dépression du sujet âgé

 

Souvent sous-diagnostiquée et traitée de manière inappropriée, la dépression du sujet âgé pose un problème majeur de santé publique. La sémiologie est souvent atypique, avec une fréquence particulière de plaintes somatiques et hypocondriaques. La présence d’affections somatiques concomitantes, ainsi que les particularités sociales et environnementales liées à cette période de vie, rendent difficile le diagnostic de la dépression chez la personne âgée. La prise en charge impose des précautions spécifiques dans l’approche pharmacologique et une adaptation sur le plan psychothérapeutique.

 

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Mutation démographique oblige, les études épidémiologiques sur les troubles psychiatriques de la personne âgée se multiplient. L’étude NESARC aux Etats-Unis, comme l’étude ESPRIT en France, indiquent des chiffres de prévalence de l’épisode dépressif majeur plutôt moins élevés dans le groupe des sujets âgés que dans la population générale (prévalence de 2 à 3 %, versus 4 à 6 %), mais ces troubles dépressifs sont beaucoup plus souvent méconnus. Les dépressions mineures, quant à elles, seraient plutôt plus fréquentes dans la population âgée que dans la population générale.

L’une des spécificités notables des dépressions du sujet âgé est la fréquence des comorbidités somatiques ; celles-ci ne doivent toutefois pas faire négliger les co-morbidités psychiatriques, comme par exemple les troubles addictifs ou les troubles anxieux. Par ailleurs, l’altération du fonctionnement est aussi handicapante chez le sujet âgé déprimé que chez l’adulte déprimé, ce qui souligne l’importance de la sensibilisation aussi bien des populations que des praticiens à cette pathologie, et au fait que la préservation d’un fonctionnement normal pour l’âge est aussi important chez le sujet âgé que chez l’enfant, le sujet jeune, ou l’adulte. Sur le plan épidémiologique, il faut enfin retenir que la prévalence des troubles dépressifs est 2 à 3 fois plus élevée dans la population des patients âgés vivant en institution que dans la population âgée non institutionnalisée.

 

Un accès aux soins retardé

La question de l’accès aux soins des déprimés âgés est essentielle. Le retard d’accès à la consultation et au traitement est marqué, avec un délai moyen de début du traitement antidépresseur de 51 jours dans la population des sujets de plus de 65 ans, contre 14 jours dans celle des sujets âgés de moins de 65 ans (M. Tournier). Ce délai apparaît réduit dans les populations de patients qui ont des antécédents d’épisode dépressif traité, et l’existence de comorbidités somatiques paraît également favoriser la prescription d’antidépresseurs, sans doute par l’incitation à la consultation qu’elles constituent.
Cet accès aux soins retardé est d’autant plus dommageable que les bénéfices du traitement apparaissent similaires chez le sujet âgé à ceux observés chez le sujet plus jeune, et que l’effet protecteur du traitement antidépresseur contre le suicide serait même plus marqué chez les sujets âgés.

 

Une suicidalité particulière

Ce risque suicidaire lié à la dépression reste une préoccupation constante pour les géronto-psychiatres. Pierre Vandel a rappelé les caractéristiques de la suicidalité du sujet âgé : ratio suicide abouti/tentative de suicide beaucoup plus élevé, augmentation du risque en institution, rôle favorisant de l’isolement plus marqué chez l’homme que chez la femme, fréquence des consultations médicales avant le geste. Plus récemment, a été mis en évidence un potentiel marqueur neuro-cognitif de risque de passage à l’acte suicidaire chez le sujet âgé, en relation avec des dysfonctions du cortex préfrontal ventral et dorsal : on retrouverait en effet, dans cette population, une altération des mécanismes d’inhibition cognitive portant en particulier sur des informations neutres ou des affects négatifs, ce qui pourrait altérer la capacité du patient à répondre de façon adaptée à des situations stressantes et élever ainsi le risque suicidaire. Ces travaux, actuellement théoriques, pourraient conduire à développer des stratégies thérapeutiques ciblant spécifiquement ces altérations cognitives chez le sujet âgé.

 

Sources : Par Sebastien Chary dans Actualités et la Revue Médicale